Parler à son bébé ? A quoi ça sert ? Que lui dire ?
Avant les années 1980, nul ne mettait en doute l'idée que le nourrisson n'était qu'un simple "tube digestif", et les enfants des animaux à dresser.
Aujourd'hui il en est fini de cette idée : le bébé est reconnu comme un sujet à part entière, les parents savent que "parler vrai" à leur bébé participe à son bon développement psycho-affectif.
Mais entre le trop-peu et le pas-assez, cela n'est pas toujours évident de savoir que dire aux tout-petits.
C'est Françoise Dolto qui a provoqué ce tsunami dans les familles en transmettant l'idée que les enfants, dès le plus âge, sont des êtres de langage et ont conscience de leur environnement.
Cela a contribué à changer le regard porté sur les enfants. L'éducation parentale et le travail des intervenants médico-sociaux en ont été modifiés.
Par exemple: de nos jours, les parents préparent leur bébé à la séparation lorsqu'ils le confient à un autre (doudou, respect des habitudes...).
En quoi cela favorise le bon développement du petit d'homme?
Bien que ne parlant pas encore, le bébé écoute, ressent, et comprend.
Déjà in utero, la parole construit l'avenir de l'enfant en développement.
Dans le ventre de sa mère, le bébé commence à apprendre qu'à des intonations de voix peuvent correspondre des rythmes cardiaque et respiratoire, des muscles tendus ou au repos, etc.
Ainsi dès le plus jeune âge, l'enfant le sait lorsque les adultes qui l'entourent lui cachent quelque chose. Mais il le sait de façon brute, intuitive, instinctive.
Il reçoit l'émotion sans filtre puisqu'il n'est pas encore un être de savoir. Il lui manque la mise en sens, les mots pour comprendre, visualiser, inscrire son ressenti dans la réalité.
C'est là que le "parler vrai" a toute son importance.
Nombreuses sont les situations dans lesquelles la parole authentique a eu un effet bénéfique sur l'enfant.
Mais "parler vrai" ne signifie pas tout dire sans retenue.
Les enfants ne sont pas des adultes en miniature.
Il faut respecter leur immaturité et leur niveau de développement.
La parole adressée doit répondre à une question qui préoccupe l'enfant.
Le bébé est un membre à part entière de la famille. Ce qui se passe dans le foyer familial le concerne, c'est SA vie, il faut le lui en parler (adoption, déménagement, décès, maladie, divorce, changement de nounou...).
Mais il ne s'agit surtout pas de noyer l'enfant dans un flot de parole, ni de se confier à lui.
"Parler vrai" consiste à mettre des mots sur un ressenti, de donner du sens à la réalité.
Nous savons combien il est difficile pour l'être humain de rester dans l'incompréhension, dans l'absence de sens (ex: enfants adoptés en recherche de leurs parents biologiques).
Mais parler aux bébés ne se limite pas à dire les grandes choses pour "guérir".
Il est très important de surtout lui parler de tout et de rien.
Lui parler simplement parce qu'il fait partie de la famille, parce qu'il est là, parce qu'on l'aime.
Ce sont tous ces messages réunis que l'enfant reçoit lorsque vous vous adressez à lui dans le quotidien, et cela contribue à son bon équilibre psychologique et affectif.
Et lorsque les mots ne viennent pas ?
Alors que certains parents parlent sans hésitation à leur bébé qui est encore dans le ventre maternel, d'autres peinent à s'adresser à leur petit bout de chou.
Parfois parce qu'ils ont l'impression de parler dans le vide...
Pourtant les paroles sont reçues et identifiées par l'enfant qui reconnaît la voix de ses parents avant même d'être né.
Il repère ces voix parmi d'autres. Les entendre l'aide à s'apaiser, à se rassurer.
Dès sa conception l'être humain évolue dans un "bain sonore" (Anzieu) : borborygmes, battements du coeur, voix extérieures...
Au fur-et-à-mesure que les compétences de l'enfant se développent, il perçoit dans ce bruit la voix qui parle ou qui chante, puis sa valeur de communication, et seulement plus tard la parole qui fait sens.
Il s'agit donc de transmettre à l'enfant toutes les composantes du langage humain : intonation, posture corporelle, mimique faciale, regard, musique de la langue...
Ce n'est pas le mot seul que l'on apprend, c'est le mot associé à un geste, à une conséquence, à une émotion, à une intonation, à un regard.
C'est parce que tout est en concordance que l'on parvient à dégager du sens.
Cette transmission ne peut donc se faire que si l'on reste naturel !
En effet, comment ''enseigner'' le mot AIMER si vous l'adressez en restant de marbre ?
Ainsi s'il vous est difficile de parler avec votre nouveau-né, ne vous forcez pas.
Tournez vous plutôt vers le chant, les contes, les comptines.
Avoir un enfant fait remonter des airs, des histoires, des jeux de mots oubliés jusque-là. Laissez libre cours à ce qui vous vient spontanément (même s'il y a beaucoup de trous), vous êtes sur le point de transmettre à votre enfant un petit bout de votre vie, ce sera forcément un message riche qui aidera votre bébé à grandir.
Communiquer plutôt que parler
L'interaction parent-bébé, tous les deux intéressés et préoccupés de l'autre, va permettre une communication efficace.
Par tâtonnements le parent apprend à décrypter les appels de son nouveau-né.
Petit à petit il répond à ses besoins de façon adaptée et suffisamment rapide.
Faisant cela, le parent permet à son bébé de découvrir qu'à l'un des ses comportements (cri strident, cri avec agitation ...) correspond une réaction parentale, et surtout la satisfaction d'un besoin.
Le renouvellement de l'expérience permet au bébé d'apprendre à interpréter les gestes du parent. Il peut donc réduire ses appels puisqu'il sait que son besoin va être satisfait.
C'est le début de la communication réciproque.
Ensuite les mots prononcés, associés au geste, et suivis de la satisfaction, vont être repérés ("Biberon", "sortir"...).
Bientôt il suffira au parent de les prononcer pour rassurer l'enfant sur le fait qu'il a identifié ses besoins.
Plus tard le bébé essayera de les prononcer lui même. Cela commencera par le rythme, la musique du mot, associé à des mouvements corporels.
Et en route pour l'apprentissage du langage et de la communication...
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